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  • Photo du rédacteurGRANDJANIN Annie

Thomas Curbillon: un tendre et élégant crooner à l'affiche du Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés


(c) Annabelle Tiaffay

Musicien, enseignant, homme de radio... et désormais compositeur, Thomas Curbillon a sorti en septembre 2021 "Place Ste Opportune". Un premier album réalisé par Daniel Yvinec (ancien directeur de l'Orchestre National de Jazz), pour lequel il s'est entouré de solides compagnons de route: Pierre Bertrand aux arrangements, Eric Legnini (piano, Fender Rhodes), Thomas Bramerie (contrebasse), Antoine Paganotti (batterie), Stéphane Belmondo (trompette, bugle)... sans oublier sa compagne Gaëlle Renard qui a signé les textes.

Outre ses compositions originales, Thomas swingue avec bonheur sur "Petite Fleur" de Sidney Bechet, "Et bailler et dormir" (écrit par Charles Aznavour et immortalisé notamment par Eddie Constantine) ou "La Berceuse à Pépé" de Claude Nougaro.

Un disque au charme intemporel, entre jazz et chanson française, qui n'a pas échappé aux programmateurs du Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés puisque Thomas est invité à s'y produire, en quartet, le 13 mai prochain. Il partagera l'affiche de cette 22ème édition avec Yaron Herman, Rhoda Scott et Sophie-Véronique, Richard Galliano, Paolo Fresu, Erik Truffaz, Laurent Cugny, Sarah Lenka et ses invitées Marion Rampal, Naïssam Jalal & Natalia M. King...


La Place Ste Opportune a une signification particulière pour vous ?

Outre le club de jazz Le Petit Opportun où j'ai assisté à de nombreux concerts, c'est l'endroit où j'ai rencontré ma femme qui a écrit les textes de l'album. Il y a beaucoup d'autobiographie dans ce disque et beaucoup d'imagination aussi. La chanson "Place Ste Opportune" qui donne son titre au disque est aussi la première que nous avons signée ensemble.

- Travailler avec votre femme Gaëlle Renard était une évidence ?

En général je pars des mots pour composer. Gaëlle a une façon d'écrire très sonore et musicale. Elle a aussi le sens des voyelles et des consonnes. Cela m'a permis d'imaginer plus facilement des mélodies. Au départ, j'ai une culture jazz et j'adore les standards. L'idée de chanter en français est venue petit à petit. Ce qui me plaît ce sont les histoires, le côté mini scénario.

- Quand on lit votre biographie, on imagine que votre destin était tout tracé ?

Mon grand-père était tromboniste à l'Opéra Comique et il a joué avec de nombreux artistes comme Gilbert Bécaud ou Charles Aznavour. Ma grand-mère était danseuse au Théâtre du Châtelet et mon père est guitariste. J'ai pris quelques chemins de traverse mais toujours en rapport avec la musique.


(c) Annabelle Tiaffay


- Il paraît que votre prénom fait référence à un guitariste que votre père admirait ?

Il s'agit en effet de René Thomas, un guitariste belge que mon père admirait et admire toujours.

- Vous vous en sortez bien. Votre père aurait pu être fan de Thelonious Monk ?

C'est vrai que cela aurait été un peu moins passe-partout ! A la maison, nous parlions musique dès le petit déjeuner. Même les animaux n'ont pas échappé à cette passion. Nous avons eu des poissons rouges qui s'appelaient Duke et Ellington, Bill et Evans...

- Pouvez-vous nous parler de la reprise de Nougaro ?

Il avait un phrasé particulier, comme un train qui avance. Je suis sensible aux voix. Même quand j'écoute un saxophone, j'entends une voix. Dans cet album, c'est presque la berceuse qui est venue avant Nougaro. Au début, Stéphane Belmondo ne devait pas forcément jouer sur ce titre. Je lui ai raconté l'histoire de mon grand-père qui aimait beaucoup ce morceau. Il m'a répondu qu'il allait y penser... et il a accepté. Quand on écoute sa trompette, c'est comme un dialogue entre un grand-père et son petit-fils. Ce qui est formidable avec cet album, c'est que les chansons sont pleines d'images.

- Et la chanson "Sale gosse" ?

Gaëlle avait écrit quelques textes qui étaient principalement des histoires d'amour mélancoliques et romantiques. J'avais envie d'une chanson plus rythmée, un peu canaille et ribouldingue, avec des petits tiroirs. J'aime cette dualité entre le côté sale gosse faisant le malin et celui qui se rappelle son enfance avec nostalgie et douceur.

- Réunir la crème des musiciens de jazz hexagonaux pour un premier album, c'était un sacré pari ?

Là encore, c'est une belle histoire. C'est grâce à Daniel Yvinec. Nous sommes proches depuis longtemps. C'est lui qui a suggéré le nom de la plupart des musiciens qui m'accompagnent.

- Vous enseignez aussi la guitare ?

Oui. Et l'histoire du jazz qui est à la fois riche et complexe. Ce qui me fascine dans cette musique, c'est l'équilibre entre l'instinct et le savoir. Parce que les deux peuvent co-exister. On a beaucoup mis dans la tête des gens qu'ils devaient comprendre pour ressentir. J'ai toujours été admiratif face à des artistes proposant une musique qui ouvrait les bras. Moi, j'ai envie de créer un lien entre les chansons et le public.


- Thomas Curbillon en concert le 13 mai 2023, à 15h (entrée libre), dans la salle des fêtes de la Mairie du 6ème, 78, rue Bonaparte, 75006 Paris.

- Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés, du 10 au 17 mai 2023, dans divers lieux historiques et culturels (Cour d'Honneur de La Monnaie de Paris, Théâtre de l'Odéon, amphithéâtre Sorbonne Université, Eglise Saint-Sulpice...) Infos sur le site: www.festivaljazzsaintgermainparis.com



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