"Les dépossédées", un saisissant huis clos
- GRANDJANIN Annie

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Librement inspiré du documentaire des frères Maysles "Grey Gardens", le spectacle "Les dépossédées" écrit et mis en scène par Yann de Monterno, raconte la sombre histoire de la tante et de la cousine de Jackie Kennedy. La première, Edith Ewing Bouvier Beale (campée par Marie Charlet), réfractaire aux codes de la haute société new-yorkaise, se retrouve reléguée dans une maison insalubre de Long Island où elle traîne son amertume. Une mise à l'écart qu'elle partage avec sa fille, jouée par Anne Cadilhac. Cette dernière, tout aussi fracassée, balade un long et douloureux passif avec les hommes.
Allongée sur son lit, la mère ressasse les souvenirs de sa splendeur passée, à peine interrompue par sa fille qui virevolte sur la scène jonchée de feuilles mortes où trône un vieux piano.
Un début déroutant dont on ne perçoit pas d'emblée le propos, sinon celui d'un reportage. Mais, au fil des tableaux, on s'attache à ces femmes recluses qui, entre deux considérations sur le patriarcat et la condition féminine, émaillent leurs échanges de chansons aux titres évocateurs : "Quand c'est non, c'est non" de Jeanne Cherhal, "Les bleus" de Régine, "La grenade" de Clara Luciani", "Eternelle" de Brigitte Fontaine, "Si maman si" de France Gall, "Une sorcière comme les autres" d'Anne Sylvestre... On commence alors à entrevoir les blessures jamais cicatrisées, même si les deux comédiennes (et chanteuses), manifestement habitées par leurs personnages, savent alléger le lourd bagage de ces "dépossédées" avec des intermèdes plus légers, voire burlesques. Un huis clos saisissant d'intensité qui met en lumière le combat des femmes.
Annie Grandjanin
-Les 4 et 5 novembre 2025, à 21h, au Funambule Montmartre, 53, rue des Saules, 75018 Paris. Tél.:01.42.23.88.83. www.funambule-montmartre.com




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