Les envolées buissonnières du violoniste Mathias Lévy

(c) Julien Vaugelade

Formé au classique (premier prix de violon, de musique de chambre et de solfège) ce virtuose a baladé son violon sur les routes avec ses copains et dans tous les répertoires, n'hésitant pas à faire la manche dans les rues pour partager sa passion pour la musique.

Un éclectisme et un goût affiché pour la liberté qui traversent les morceaux de son sixième opus baptisé "Chant Song". Un titre emprunté à Prévert qu'il a mis en musique. Tout comme les textes de Blaise Cendrars, James Joyce, Romain Maron... Accompagné d'une solide section de musiciens: Sébastien Giniaux (violoncelle, guitare), Jean-Philippe Viret (contrebasse) et Laurent Derache (accordéon), Mathias Lévy a également invité la chanteuse Lou Tavano à rejoindre le quartet.

Un opus riche de belles envolées buissonnières, entre jazz, chanson française, folk et improvisations dont il a signé toutes les partitions, sauf "Tous les cris les S.O.S." de Daniel Balavoine.

Rencontre avant une tournée qui passera par Paris, le 14 octobre prochain au Duc des Lombards, dans le cadre du Festival Jazz sur Seine et le 18 novembre au Studio de l'Ermitage.

-Il paraît que le projet "Chant Song" est né à l'écoute de "Canto" d'André Minvielle ?

J'ai beaucoup travaillé dans la variété, mais en tant qu'accompagnateur (Zaz, Catherine Ringer, Marc Lavoine...), c'est un genre auquel je suis très attaché. Pour moi, André Minvielle et Claude Nougaro sont deux artistes qui ont réussi à faire swinguer la langue française.

-C'est la raison pour laquelle vous avez décidé de mettre des mots sur votre musique ?

J'ai toujours cherché à avoir un aspect mélodique permettant de toucher le public. Il m'a semblé que pour aller plus loin, il fallait mettre des voix et des paroles. L'idée était d'avoir une dimension émotionnelle narrative, en emmenant cela dans l'univers plus aventureux de l'improvisation.

-Comment est venue l'idée d'inviter la chanteuse Lou Tavano ?

Nous nous sommes rencontrés au festival de jazz de Marciac. Nous avons réalisé que nous avions beaucoup de points communs. J'avais pris des cours de chant avec elle et, tout naturellement, elle a accepté de venir sur ce projet.

-"Chant Song" est un album très personnel ?

J'ai travaillé pour le théâtre, le cinéma, une Compagnie de marionnettes et j'ai aussi composé pour le groupe Caravan Quartet. Quand j'ai sorti le disque "Revisiting Grappelli", c'était un peu pour trouver ma place dans le jazz car on me disait qu'il était difficile de me mettre dans une case. "Chant Song" a été enregistré à 100% dans les conditions du live. J'avais envie d'avoir cet esprit folk. En fait, ce qu'il y a dans mon jazz, c'est ce que j'ai entendu quand j'étais jeune.

-Comme le titre de Balavoine dont vous offrez une relecture acoustique ?

C'est un artiste que j'écoutais avec ma soeur.

-Les poèmes de Blaise Cendrars font partie de vos livres de chevet ?

Ce sont plutôt ceux de ma femme ! Trouver des mots pour mettre sur ma musique était un processus hasardeux mais j'ai eu l'impression que je pouvais proposer quelque chose d'intéressant sur "Îles". J'ai enregistré une version écourtée.

-Vous êtes aussi multi-instrumentiste ?

Je joue du saxophone, de la batterie, de la guitare...A un moment, j'ai décidé d'être focus en me concentrant sur le violon car sans cadre, il n'y a pas de liberté. Plus jeune, je culpabilisais de ne pas travailler suffisamment mon instrument. Mais j'estime que dans la vie d'un musicien, il faut aussi être capable de prendre de la distance.

-C'est-à-dire ?

J'aime bien dire que de 15 à 30 ans, j'ai fait mes armes. Maintenant, je fais des albums et des enfants !

Propos recueillis par Annie Grandjanin

-Album "Chant Song" (Label KOM/L'Autre Distribution), disponible depuis le 19 septembre 2025.

En concert: le 14 octobre 2025 au Duc des Lombards à Paris (Festival Jazz sur Seine), le 15 novembre à Mâcon (Crescent Jazz Club), le 18 novembre au Studio de l'Ermitage à Paris, le 30 novembre à Joinville-le-Pont (Scène Prévert), les16 et 17 janvier 2026 à Tarbes, le 19 février à Cannes, le 15 mars à Truchtersheim...