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  • Photo du rédacteurGRANDJANIN Annie

Nora Kamm: "Je mets toute mon âme dans ma musique"

Dernière mise à jour : 8 avr. 2023


(c) Lana

Ceux qui ont eu la chance de la découvrir, récemment, au New Morning, se souviendront longtemps du magnifique concert célébrant la sortie officielle de "One". Un album enregistré avec un cosmopolite combo: l'italien Nicolas Vella aux claviers, le malgache Ranto Rakotomalala à la basse, le camerounais Dharil Esso à la batterie, le brésilien Jorge Bezerra aux percussions. Sans oublier des invités comme le guitariste Nguyên Lê, le batteur Paco Sery, Cheikh Diallo (kora) ou la chanteuse Salimata "Tina" Traore.

Après de multiples collaborations avec Manu Dibango, Andy Sheppard, Erik Truffaz, Cheick Tidiane Seck, Mariana Ramos... et deux disques avec le groupe Dreisam, Nora Kamm, saxophoniste, flûtiste, chanteuse, compositrice, chef d'orchestre..., a signé toutes les chansons de ce premier opus enregistré sous son nom.

Dès les premières notes, impossible de ne pas se lever pour danser sur "First Flight", "Flowing People", "Africa My Love", "Sensible", "Chuku Chuku... Des titres dans lesquels Nora exprime, de virtuose manière, sa passion pour le jazz et les musiques africaines.

Rencontre avec une artiste dont le jeu et le charisme sont tout simplement impressionnants.


- Au-delà du premier album enregistré sous votre nom, quelle est la signification de "One" ?

J'ai voulu y ajouter une notion d'unité, de fusion, notamment avec l'Afrique

- D'où vient cette passion pour l'Afrique ?

Je ne saurais pas vraiment pas l'expliquer. Chez moi, en Allemagne, on écoutait beaucoup de musiques différentes. Je me souviens avoir entendu un joueur de kora qui m'a profondément touchée. J'ai commencé à jouer de la flûte traversière à 10 ans mais je voulais aller vers quelque chose de plus moderne et je me suis mise au saxophone à 16 ans. Je me suis alors tournée vers le jazz. Ce n'est que lors de mon arrivée à Lyon puis à Paris que j'ai côtoyé des musiciens et chanteurs africains.

- Il paraît que vous avez aussi joué dans la rue ?

C'était dans le sud de la France. Il y avait des musiciens canadiens dans la rue et je suis revenue sur mes pas pour leur demander si je pouvais jouer avec eux. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai tout de suite aimé la France, pour ces rencontres, la langue et la culture. J'ai choisi de m'y installer tout d'abord à Lyon puis à Paris. L'idée était également d'y passer mon master, mais je n'ai pas terminé !

- Justement, vous avez étudié l'histoire contemporaine. Ce n'était pas le plus court chemin pour évoluer dans la musique ?

J'ai suivi la tradition familiale et j'ai adoré ça. Mais je ne me suis jamais projetée dans cette voie.

- Vous avez préféré étudier au Centre des Musiques Didier Lockwood ?

C'est une école magnifique, où on passe beaucoup de temps à jouer, dans un véritable esprit d'ouverture. En un an, j'ai fait ce que je n'avais pas réussi à faire en cinq ans !

- Une femme saxophoniste, c'est plutôt rare, non ?

Ce n'était pas gagné ! Etre chanteuse, c'est plutôt bien accepté mais instrumentiste, c'est plus compliqué. Il y a bien sûr des exceptions mais ce n'est pas évident, surtout en tant que leader. Je suis quelqu'un qui n'aime pas les frontières ! D'ailleurs, je prévois d'aller de plus en plus vers la pop.



- Vous chantez peu sur scène ?

J'aime ça mais cela ne fait pas longtemps que je chante. Je reste saxophoniste.

- Et danseuse, à l'occasion ?

C'est beaucoup dire mais c'est vrai que pour le New Morning, nous avions préparé une petite chorégraphie. D'ailleurs, comme je suis très perfectionniste, je prends actuellement des cours de danse.

- Pouvez-vous nous parler du groupe Dreisam qui a reçu un certain nombre de distinctions ?

C'est drôle car lorsque nous avons eu nos premiers engagements pour des concerts, nous n'avions toujours pas de nom. Dreisam est en fait le nom d'une rivière en Allemagne. Et notre premier album s'appelait "Source". C'était un trio piano, batterie, saxophone. Mais il manquait une basse pour la rythmique. J'ai beaucoup appris avec ce groupe mais nous n'allions plus dans la même direction. J'étais très jeune et je n'ai pas assez poussé ce projet parce que ce n'était pas le mien. Je n'étais pas seule à composer et j'avais besoin d'indépendance. J'ai profité du confinement pour me recentrer sur ma musique.

- C'est-à-dire ?

Je mets toute mon âme dans ma musique. Mais là, c'était encore plus personnel parce que j'étais confrontée avec moi-même. J'ai parfois l'impression que les morceaux les mieux accueillis sont ceux que j'ai composés pendant le confinement. C'était bien, même si aujourd'hui, je ne suis pas prête à revivre cette période !

- Au New Morning, vous avez réussi à rassembler tous les âges ?

J'en suis fière car je n'ai pas envie de faire de la musique pour une seule génération. Dans le jazz, il y a traditionnellement beaucoup d'anciens et beaucoup d'hommes. Il ne faut pas oublier les envies de la jeunesse. Parfois, je me suis demandé comment j'allais "vendre" mon projet mais je me suis aperçue que ça plaisait. De toute manière, je ne pourrai pas faire quelque chose juste pour entrer dans une case !


- Album "One" (Duya Music/Inouïe Distribution), disponible depuis le 27 janvier 2023

- En tournée: les 21 et 23 avril 2023 Togoville Jazzfestival (Togo), le 3 juin au Jazzstage Bad Muskau (DE), le 29 juin Alba Jazz Festival (IT), les 16 et 17 juillet au Millau Jazz Festival, le 19 décembre à Saint-Quay-Portrieux, le 20 janvier 2023 à Saint-Sat, le 24 mars à l'Aprem Jazz de Quimper...

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