Sur ses récentes photos, il affiche un peu des allures de monarque, avec un petit côté zazou. De fait, dès son premier album "The Gospel Journey", en 2016, Faada Freddy s'est imposé comme le roi des percussions corporelles. Depuis, le chanteur sénégalais qui tourne également avec son groupe de hip hop Daara J, a enchaîné plus de 300 concerts, a été sélectionné aux Victoires de la Musique, dans la catégorie "Révélation scène", a assuré les premières parties de Bernard Lavilliers, Asaf Avidan, Johnny Hallyday (aux Francofolies de La Rochelle en 2015), Lenny Kravitz...
Après plusieurs années d'absence discographique, il revient avec "Tables Will Turn". Un EP (annonciateur d'un prochain opus), entre soul, pop et rap, toujours sans instruments, dont les titres, portés par le groove imparable de l'artiste, sont empreints d'accents humanistes.
- Avec ce nouvel EP, vous persistez dans le "100 % organique et 0% technologique", comme vous qualifiez vous-même votre musique ?
Ce qui m'intéresse, c'est de mettre l'humain en valeur. Je voulais aussi défier la machine. Aujourd'hui, on parle beaucoup de l'intelligence artificielle, de la robotique. Il faut se lever pour défendre sa dignité, son ADN. Quand on est accueilli chez d'autres peuples, on réalise qu'on a des valeurs communes et la même envie de trouver la beauté de l'humanité. Nous devons prendre soin les uns des autres. La grande maladie du siècle, c'est la solitude.
- Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour sortir "Tables Will Turn" ?
J'étais en tournée avec Daara J. Puis il y a eu cette longue période de séquestration ! J'ai pris le temps d'approfondir les acquis. J'ai eu aussi envie de me poser, d'aller me promener au bord de la mer avec mes enfants. Sans recul, je serais incapable de faire ce métier. J'en ai profité aussi pour écrire ce disque dans lequel je parle de liberté individuelle et d'amour. Parce que l'amour est un combat que l'on doit mener tous les jours.
- En parlant de combat, vous pratiquez toujours les arts martiaux ?
Absolument. Cela permet de tester ses limites. Pour moi, ce sont des activités qui allient le corps et l'esprit. Cela permet de lutter contre l'oisiveté.
- Comment avez-vous vécu ce que vous appelez la "séquestration" ?
C'était une période difficile mais créative parce que cela a encouragé l'auto-suffisance. Moi, par exemple, j'en ai profité pour planter des tomates, des piments, de l'aloe vera... C'est un challenge pour devenir plus humble. On rêve toujours d'avoir plus sans prendre le temps de profiter des plaisirs simples.
- Vous avez aussi travaillé votre instrument vocal ?
Tous les jours ! Je passe mon temps à chercher des notes parce que, pour moi, la voix est un chemin qui permet d'exprimer les différentes facettes de l'âme. Il y a eu une période où je l'ai perdue durant plusieurs mois. J'ai fait une prière en me disant que j'avais eu la chance de connaître de bons moments dans ma carrière, que j'étais reconnaissant pour ça. Et ma voix est revenue !
- Vous avez renoncé aux instruments mais il paraît que vous avez fabriqué vous-même votre première guitare ?
Avec des clous, des planches, des fils de pêche et des boîtes de conserves ! J'ai renoncé aux instruments parce que, à un moment, j'ai eu besoin de reposer mes oreilles et mon âme. Pour moi, le plus important, c'est que la musique ne soit pas agressive. Je n'oublie jamais que nous avons hérité des griots. Ce qui prime, c'est la sincérité. Si nous faisons tous la même chose, c'est nous qui nous enfermons dans des cages. Ecouter les rappeurs, par exemple, c'est écouter l'état d'esprit des gens. C'est le nouveau dictionnaire de la rue. Une manière de faire parler les oblitérés, les oubliés...
- Votre propos est humaniste et emprunt d'une foi assez forte, non ?
C'est mon école. Cela correspond à l'éducation que j'ai reçue de mes parents. J'essaie de véhiculer le bien parce qu'il y a des jeunes qui écoutent mes textes. Je n'ai pas le droit à l'erreur.
- Vous serez en concert au Trianon à la fin de l'année. Vous allez accompagner les spectateurs dans le métro, comme lors de votre dernier passage dans cette salle ?
Je ne sais pas encore. Peut-être que nous prendrons un avion pour Dakar !
- EP "Tables Will Turn" (Think Zik !) disponible depuis le 19 mai 2023.
- En tournée : le 23 mai 2023 à Saint-Etienne (42), le 28 mai à Wurzburg (DE), le 2 juin à Angoulême (16), le 23 juin à Audincourt (25), le 24 juin au Festival Solidays à l'Hippodrome de Longchamp à Paris, le 1er juillet à Ruoms (07), le 4 juillet à Vienne (38), le 9 juillet à Saint-Denis (93), le 20 juillet à Vitrolles (13), le 21 juillet à Bonneville (73), le 26 août à Bréal-sous-Monfort (35), le 27 août à Sainte-Anne d'Auray (56), le 30 septembre à Cambrai (59) ... et le 10 novembre 2023 au Trianon à Paris.
Comments