Mariana Ramos: voyage symphonique au Cap-Vert
- GRANDJANIN Annie

- il y a 2 jours
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Elle a commencé par la danse, qu'elle pratique toujours, chanté dans un groupe de rock, avant de suivre la voie royale tracée par Cesária Évora. En 2016, Mariana Ramos a été distinguée par les Cabo Verde Music Awards, comme la meilleure interprète de morna.
Mais si ce chant populaire, symbole de l'âme du peuple cap-verdien, exprime la mélancolie et la douleur de l'exil, la chanteuse (auteure et compositrice) y apporte une dimension plus souriante et lumineuse. A l'image de son nouvel album "Sinfonico", enregistré avec l'Orchestre National des Pays de la Loire, dirigé par Marc-Olivier Dupin.
Des titres d'hier et aujourd'hui qui portent les signatures de Teòfilo Chantre, Jorge Humberto ou encore de son père Toy Ramos, alias Toy de Bibia, guitariste du groupe Voz de Cabo Verde.
Embarquement pour un beau voyage symphonique au coeur de la morna, ce blues insulaire inscrit à l'Unesco, depuis 2019, au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
-Cet album symphonique, c'est une première pour vous ?
C'est vrai et l'autre défi était de l'enregistrer en live. Ma plus grande crainte était de me planter et que les musiciens ne puissent pas me rattraper. Car, dans un orchestre symphonique, chacun a sa partition et ne peut pas s'en éloigner.
-Vous avez choisi d'interpréter des titres uniquement en créole ?
J'aime bien chanter en créole portugais. J'ai l'impression que les mots sont plus faciles. Même si on me dit parfois que mon créole est teinté d'accent parigot car je suis arrivée en France à l'âge de 8 ans. ! J'aime aussi parler des femmes car elles ont une place importante dans ma vie. Comme ma grand-mère qui m'a élevée avant que je puisse rejoindre mes parents.
-C'est d'ailleurs grâce à une femme que les gens ont commencé à situer le Cap-Vert sur la carte du monde ?
Cesária Évora demeure notre grande ambassadrice !

-À vos débuts, vous avez tenté de vous affranchir de cette musique populaire ?
Mon univers c'était plutôt le rock, la variété américaine, le jazz . J'écoutais aussi des artistes comme Piaf, Nougaro et Michel Jonasz. Je crois que je ne voulais pas faire la même musique que mon père ! A l'époque, il me disait toujours "tu y viendras" ! Aujourd'hui, c'est à mon tour de faire passer ce message auprès des jeunes car je vois bien que c'est une tradition qui se perd. Au Cap-Vert, la musique qui se joue le plus c'est le zouk. On écoute aussi beaucoup de rap et de reggae. Je n'ai rien contre mais c'est quand même la morna qui a fait connaître notre archipel.
-Le fait que la sortie de "Sinfonico" coïncide avec le 50ème anniversaire de l'indépendance du Cap-Vert est assez symbolique ?
Tout-à-fait! De plus, le jour de l'indépendance est un 5 juillet qui est également celui de ma naissance. Le 5 est mon chiffre porte-bonheur.
-En parlant de bonheur, aurons-nous celui de vous voir sur scène avec cet orchestre ?
C'est un peu compliqué car il faut trouver le budget et des salles capables de nous recevoir. Mais l'idée est évidemment de jouer "Sinfonico" sur scène.
-La morna cultive une certaine mélancolie, non ?
Il y a aussi l'espoir. Un côté tout finira par s'arranger. Contrairement au fado qui est un peu plus dans le drama. Chez nous, il y a deux mots très importants: sodade bien sûr et morabeza qui exprime l'état d'esprit des cap-verdiens c'est-à-dire le partage, la douceur de vivre et la convivialité.
Propos recueillis par Annie Grandjanin
Album "Sinfonico" (Believe/L'Autre Distribution), disponible depuis le 14 novembre 2025.




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