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Photo du rédacteurGRANDJANIN Annie

"Stormy Weather", entre joutes musicales et batailles d'ego


(c) Joris Parvaud

En empruntant le nom d'un grand standard popularisé par Ethel Waters puis repris notamment par Etta James, Lena Horne ou Ella Fitzgerald, on comprend que "Stormy Weather", écrit par Thierry Delair et mis en scène par Svetlana de Cayron, va nous plonger dans l'univers du jazz. D'ailleurs, le portrait du célèbre pianiste et compositeur américain Thelonious Monk qui trône au-dessus de la scène ne laisse planer aucun doute.

Sur scène, une fois n'est pas coutume, les trois comédiens Jean-Baptiste Artigas , Renaud Cathelineau et Benjamin Petit qui jouent respectivement du piano, de la contrebasse et du saxophone sont également de solides musiciens.

Nous sommes en pleine séance de répétition, dans le salon du contrebassiste qui annonce à ses complices une excellente nouvelle puisque leur trio est engagé au Festival de Montreux pour jouer avec Herbie Hancock. Mais, comme le laisse présager le titre de ce spectacle musical et théâtral, l'atmosphère fraternelle du début tourne vite à l'orage.

Tout en offrant de belles variations autour du succès de Sinatra "Fly Me To The Moon", les complices d'hier commencent à remettre en cause leurs motivations... et leur talent !

Le pianiste qui peine à se remettre d'une rupture amoureuse rêve secrètement d'une carrière solo. Le saxophoniste lui se contente de profiter de la vie et des occasions d'assouvir son penchant pour l'alcool dans les clubs. Entre ces deux-là, la tension monte et les joutes verbales remplacent les improvisations instrumentales. "Tu es là, recroquevillé sur ton clavier à mijoter une musique douloureuse. Tu t'assèches" reproche notamment le second. Quant au contrebassiste, partagé entre son couple à la dérive, la gestion des contrats et des tournées, ses tentatives pour sauver le groupe semblent vouées à l'échec.

Les répliques sont souvent percutantes, même si on assiste à un sensible bémol en deuxième partie. Les passionnés et les néophytes devraient apprécier les parties musicales, vraiment convaincantes. Au point qu'on souhaiterait qu'elles prennent davantage le pas sur le texte...


- Jusqu'au 24 juin 2023, les jeudis, vendredis et samedis à 21h15, à L'Essaïon Théâtre,

6, rue Pierre au Lard, 75004 Paris; Réservations au 01.42.78.46.42. www.essaion.com


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